jeudi 4 décembre 2008

Le saule ou le peuplier

Vouloir être possédés sans brûler. La tentation est là, dans le frisson, même si le mot est galvaudé.

Je te préviens tout de suite. Ce qui est écrit là, ce n’est pas moi. C’est l’autre, qui pense trois fois plus fort, et ce n’est pas ma faute. Ce soir-là, toi, tu attendais. L’éclat fragile d’une voix qui n’écorche pas, qui accroche doucement. De mon côté j’attendais, comme toujours, le jour où je saurai être cet étranger que tu espères.
Aujourd’hui, j’avance dans la ville, cette forêt que je ne connais pas, avec l’intention de m’y perdre. Et j’écris, sans le papier et sur mes lèvres.


Vivre, à deux, vivre longtemps, une véritable histoire.
La plupart du temps, c’est rare. Alors on s’en raconte, à deux, des histoires. Des histoires interminables d’une nuit, d’un mois, de plusieurs années. Et ces histoires qu’on se raconte éclipsent le jour, et possédés nous le sommes tous, sans nous appartenir.

Jusqu’au jour où. A force de.

Seul. L’encre, heureusement, apprivoise ce qui transperce. Ecrire alors c’est tenter les étriers sur la licorne. Apprivoiser une légende. Mettre des mots sur l’indicible.
Parce que dans le manque, toujours, tu te trouves seul, et il n’y a rien à dire. On ne se parle pas sur le quai, quand le train achève son défilé. C’est déchirant et tu ne peux rien y faire, qu’attendre. Parce que c’est fort et c’est désespéré. Parce qu’il n’y a pas d’échappatoire, qu’on ne s’arrache les souvenirs que dans la douleur et la durée. La douleur et la durée.
Ainsi le chêne fend aussi, quand il est trop malmené. Admettons.

Il faudra juste changer d’essence. Le saule ou le peuplier.

2 commentaires:

paquerette a dit…

et dis moi, le saule, il est pleureur un peu, non?

Jean-Baptiste a dit…

mince alors, c'était pas l'impression recherchée. Pas pleureur, zen.

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"Kunst ist schön, macht aber viel Arbeit", comme disait l'autre.

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